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Richard Di Rosa
         
 

Texte de Richard Di Rosa, paru dans la monographie de Rémi Blanchard aux éditions Somogy en 2004

Je viens d'apprendre avec plaisir que tu fais le musée de Quimper et les Sables d'Olonnes. C'est magnifique. Je suis vachement content pour toi... et pour nous ! En ces temps de disette artistique et économique, quel plaisir d'avoir un peu de poésie ! Car, oui, s'il y avait un poète des pinceaux dans les années quatr-vingt, c'était toi. Et pour cela, d'ailleurs, je me suis toujours senti des affinités sourdes avec ton travail. Rappelle-toi comme les années punk, trash et kitsch ont été violentes et beuglante. Et tout ce que nous avions envie de hurler et de jeter à la face de tous les assis. Robert et Hervé éructaient sur leurs toiles à coups de traits vifs, parfois dégoulinants, toujours saturant l'espace. Et toi, tu faisais de cette violence extérieure une autre alchimie : des personnages pas vraiment lunaires mais venus d'ailleurs, des têtes de chat et de hibou qui nous fixent de leurs grands yeux interrogatifs, des signes qui sont autant de symboles de ton univers secret cerné d'or et peuplé de caravanes et de manouches. Je retrouve en toi la patience qu'il faut pour être sculpteur.
Nous avons une peinture de toi au-dessus de notre lit depuis vingt ans : une silhouette qui se dérobe, portant un objet sur son dos ; prise dans le quadrillage géométrique de la toile, elle semble désigner un ailleurs. J'espère qu le public va s'arrêter, regarder, écouter, et puis partir dans la rêverie, la poésie. J'attends, moi aussi, avec beaucoup d'émotion et d'impatience ce moment où nous allons pouvoir enfin voir, revoir tes peintures réunies !
Toi si près, si palpable à travers tes œuvres. La trace, les traces, oh mon poteau, ils sauront bien reconnaître les cœurs purs ... enfin...

À bientôt